
PDF : Conversation Yves Citton.pdf
Le 20 janvier 2021 a eu lieu l’événement social annuel d’Exalt Design Lab. Yves Citton, professeur de littérature et média à l’Université Paris 8, était notre invité. Avec une approche érudite, critique et énergisante, il investigue des sujets proches de ceux du laboratoire, comme l’écologie de l’attention, la capacité d’intervention politique et poétique. Sa présence a été l’occasion de tisser des liens entre design, littérature, médias et société.
Vous pouvez télécharger sur cette page le contenu des échanges en pdf, ou lire le compte-rendu synthétique ci-dessous. Pour un souvenir plus immersif, rendez-vous ici !
___ Retour sur l’année 2020 du laboratoire
La soirée a commencé par une rétrospective des actions, réalisations et temps forts d’Exalt en 2020. À commencer par la première soutenance de thèse menée dans le cadre du laboratoire. Julie Sahakian, CIFRE à la MAIF, est ainsi Docteure en Sciences de Gestion x Design depuis le 19 janvier !
En 2020, l’activité du laboratoire a été valorisée par des publications en ligne et en revues académiques, telles Design, Arts, Médias ou Appareil.vLes chercheurs de Strate Research ont également participé à plusieurs conférences internationales (cette année en ligne) comme DRS, un incontournable pour la recherche en design. Les Journées Design, Recherche, Éthique, organisées dans le cadre de Lille Capitale Mondiale du Design ont également été l’occasion de renforcer l’écosystème de la recherche en Design en France. À partir d’un article rédigé par Estelle Berger pour cette occasion, une étude est en cours auprès des partenaires industriels d’Exalt ainsi que d'autres organisations, pour identifier les ressources de résilience et d’apprenance en temps de crise et au-delà. Les résultats en seront partagés ce printemps.
____ Discussion avec Yves Citton
Voici quelques morceaux choisis de cet échange stimulant, à partir de points de réflexion amenés par l’équipe Strate Research, puis par les questions de l’audience.
L’ouvrage Générations collapsonautes. Naviguer par temps d’effondrements, coécrit avec Jacopo Rasmi, présente des « formes de vie qui échappent par le haut au capitalisme extractiviste ». Quels en sont le contexte et le panorama ?
« C’est avant tout une occasion de croiser les regards sur la collapsologie, de faire la distinction entre discours, imaginaires, modes de production, d’innovation et de design… qui ont produit des éléments signifiants mais qui ont en même temps un peu détruit le milieu dans lequel nous évoluons tous. Le but actuel est donc d’aller vers la sobriété : se dire que c’est la fin d’un monde et qu’il faut essayer d’en sortir. »
Comment construire un cercle vertueux, une spirale apprenante à partir des expérimentations actuelles ?
« Selon moi, il faut essayer de penser la notion d’attention à ses différentes échelles individuelle, organisationnelle, collective pour constater l’ambiance médiatique dans laquelle nous vivons. Car nos attentions sont conditionnées et formatées par toutes ces choses qui nous entourent. Il faudrait parvenir à trouver ce qui permet de faire circuler les idées, trouver un véritable dessein commun : "Comment pénétrer dans les médias de diffusion pour faire circuler les idées qui nous plaisent ?" Telle est la question. »
Est-ce cela, le « médiartivisme » ?
« Le “médiartivisme” c’est la capacité de créer de manière artistique des œuvres qui, grâce à leur dessein, sauront créer des publics. On peut prendre comme exemple l’émancipation du rap, les actions entreprises suites au décès de George Floyd aux États-Unis… »
Le design est-il voué à créer de la captivité attentionnelle, ou peut-il agir pour l’émancipation ?
« Dans un monde où la notion de données est au cœur de tout, l’enjeu est de saisir ces données comme des "prises". Le designer peut donc prendre le dessus, en renversant les emprises, pour "sur-prendre" et créer la "sur-prise" ! »
Finalement, pensez-vous que nous retirerons quelque chose de la crise actuelle ?
« Le véritable drame de la crise serait de la rater pour ne pas avoir effectué de changements, de mutations. Car la crise est une occasion de procéder à une conversion des opportunités pour en extraire de nouveaux desseins. Le problème aujourd’hui est que l’on essaye de retourner à "l’anormal", on se concentre trop sur l’effondrement et pas assez sur les moyens d’en sortir "par le haut". »
Les échanges menés en ligne n’ont pas entamé l’exaltation de ce quatrième événement annuel Exalt. L’année prochaine, nous espérons vous retrouver en chair et en os !